Lorsqu’à la fin du XVIIIème siècle est inventée la formule politique «la nature est républicaine », une décision axiologique mûrie pendant des générations est tranchées, classant le jardin géométrique du côté de l’autorité dépassée de l’absolutisme français et définissant dans le même élan le jardin paysager anglais comme un rapport non hiérarchique entre les humains et entre les humains et la nature […].

Mais on peut se demander aujourd’hui si, entre le jardin à la française et le jardin paysager, cette opposition qui a abondamment nourri l’histoire des jardins existe vraiment, ou s’il ne s’agit pas ici de deux variantes d’une même vision du monde dont la différence ne serait que superficielle.
LA NATURE EST REPUBLICAINE
Y'a une route comme une blessure,
On verrait l'os de ton visage
Domestication = exprime le geste, le porcessus ou l'effet de domesticatiquer ou d'être domestiqué·e.
Dora MAURER
Aujourd’hui, j’ai retrouvé un dessin que j’ai fait en 1ère année : on y voit une parcelle de plancher mais quelque chose cloche avec ce plancher. En fait, le tracés des interstices du plancher ne dessine pas la forme des lattes mais s’émancipe et devient la forme qui importe dans le dessin et non plus le plancher. Le négatif devient le positif. Comme dans le grand dessin du confinement et les interstices entre les pavés.

Hier, j’ai filmé une bande routière que j’ai fabriqué. Des personnages interviennent et bousculent le fonctionnement de cette ligne blanche. A un moment, les personnages longent une route de campagne bordée de lignes électriques. Ols portent la ligne blanche de la route sur leurs épaules et marchent à la queue-leu-leu sur la route. Ols sont quatres et la ligne ploie sous le vent. On dirait qu’ols imitent le rythme des poteaux électriques. En regardant les images, je pense à photoshop :
c’est comme si j’avais détouré la ligne électrique et ses poteaux, hop supprimé et hop on voit le calque blanc du dessous ; comme des trous dans les images. Ça serait une partie laissée vide. Mais si on réfléchi comme ça, l’espace devient une surface ? Comme si on laissait vierge la toile d’une peinture, mais moi je fais pas de la peinture.
Est-ce que les signes blancs que j’emprunte à l’espace urbain ne serait pas des creux/trous dans l’image ?
Habituellement je me dis : J’utilise des signes, que j’emprunte à l’espace urbain comme des vecteurs que j’appose sur d’autres sites.
Mais est-ce que ces signes sont réellement des « positifs » ? C’est à dire une forme apposée sur une autre.
D’un côté/dans un espace c’est un prélèvement, mais de l’autre c’est un ajout. Par exemple, la sculpture « payant » est un négatif, les images « payant » sont des positifs. La sculpture « payant » est à la fois un prélèvement d’un morceau de route et le négatif d’une signalétique. Et la sculpture qui se trouve dans un espace d’exposition est aussi un plus par rapport à l’espace extérieur où elle a été prélevé. Mais comme c’est un prélèvement fictionnel, il n’y a pas de creux, dans la rue, à l’emplacement de ce parking, donc c’est seulement un ajout. Comme la parcelle d’herbes hautes ?

Et la bande routière ? Les formes blanches de la signalétique routière sont-elles des positifs ou des négatifs ? Est-ce que ce sont des rajouts ou des retraits à l’espace ? C’est un prélèvement dans l’espace urbain si je la transpose dans un intérieur ou dans un espace rural mais si elle est dans l’espace urbain ? Dans l’espace urbain, ou de la route plutôt, si la bande routière est à l’endroit où elle devrait être mais pas exactement, qu’est ce qui se passe ? C’est un prélèvement ou pas ?
C’est joli d’imaginer que chaque signes blancs qui sont une règle sont en fait des morceaux de vide vers un autre espace.
La ligne droite est la ligne de la nature ;
car un corps livré à lui-même, fût-il animé ou inanimé, humain, animal ou boule, avance en ligne droite, il ne s'en écarte que lorsque quelque chose l'empêche de continuer sa course. Le son, le rayon de lumière arrivent également à nos oreilles et à nos yeux en suivant des lignes droites, si aucun obstacle sur leur chemin ne vient briser ou courber leur trajectoire